Il y a des choses que j'aurais aimé te dire est un solo à deux voix. C’est un spectacle qui tisse son histoire autour du cirque, de la danse, du texte, du son. Il raconte un exil des temps passés. On y entend Laurice, qui raconte à petits pas, les grands siens de sa vie. En juin 2018, je commence à interviewer Laurice. Équipée d’un enregistreur, je passe des heures dans son salon, à lui poser des questions sur son histoire. Laurice, c’est ma grand mère. C’est l’une des femmes qui m’a vu grandir et que j’ai vu vieillir. Elle me raconte des bribes de souvenirs, remonte les fils, les brode. Au Caire, en 1928, Laurice naît égyptienne et juive. À 18 ans, elle devient militante communiste, puis féministe. En parallèle de cette vie politique à rebondissements, elle me raconte Nisso, le grand amour de sa vie. Nisso, c’est le grand-père que je n’ai pas connu. Il fût lui aussi opposant politique, en lutte contre le régime en place en Égypte dans les années 50. Voilà pour le point de départ. Quant au point d’arrivée, il se situe en mars 2020. Date à laquelle Laurice meurt dans son appartement parisien. Elle est âgée de 92 ans. Entre ces deux points, il y a tout un chemin. C’est de ce chemin qu’il s’agit. Dérouler le fil de vie de Laurice, d’après ses mots, avec mon propre langage. Entre danse et cirque, le mât chinois devient un pont entre les mondes. Grâce à lui, l’Égypte accoste en France et la voix d’une morte parvient aux oreilles des vivant.e.x.s. Deux voix qui se mélangent. Des mots qui tremblent. Générations qui se mêlent et s’entremêlent. La petite histoire s’étire dans la grande.